Des fleurs irresistibles
C’est donc aux alentours immédiats que côtoyait Maria-Luce, que l’on pouvait apercevoir aussi les lianes anciennes s'habillant de feuilles nouvelles, et dont le vert brillant emmaillotait à son tour les troncs rugueux de ce qu’il restait des marronniers. Eux même, s'ornant en leurs branches d'un bourgeonnement de fleurs irrésistibles… Mais qui mourraient peu après s’être épanouies. Alors, pour ne plus les revoir dénudés, le vieux magnétiseur portait son regard à une distance constamment mouvante qui correspondait au déplacement de la déesse, s'efforçant pour cela d'ajuster sa marche au développement de l'image... Même s’il savait que ses pieds ne rencontraient que de rares touffes d'herbe jaunie, alors qu'il aurait pu s'attendre à piétiner un véritable tapis de verdure…
Cependant, contre toute attente, lorsque Maria-Luce –toujours invisible– se trouva cette fois sur le site de la maisonnette qu'ils étaient maintenant sur le point d'atteindre, toute la propriété resta figée dans son état de délabrement avancé…
– Vous ne pensez tout de même pas que je pourrais quitter un jour mon appartement douillet pour vivre dans cette ruine laissa soudain échapper Ashneene, qui se parlait à elle-même.
– Décidément, tu es restée une incorrigible matérialiste, lui rétorqua son mari qui n'était pas dupe.
– Si aucun de vous deux ne fait d'effort objecta Lucien, je doute que la déesse qui nous accompagne, garde une bonne raison d'accéder à la demande qui lui a été faite tout à l'heure…
– Si cela se fait, je te promets d'installer un véritable nid d'amour à ta mère, laissa entendre son père d'une voix lasse…
– Ben mon vieux bonhomme, je ne te crois pas… lui adressait déjà Ashneene!
– T'ai-je souvent menti quand nous étions jeunes et amants?
– Ben non, et d'ailleurs tu ne le pouvais pas, puisque j'ai toujours su lire en toi la moindre pensée me concernant.
– Et à l'instant présent, que vois-tu dans mon esprit?
– Je vois… un grand champ de fleurs multicolores… quelqu'un y a installé un banc: en plein milieu… le banc est occupé par un couple… l'homme a son bras droit glissé telle une écharpe derrière le cou de la femme… dieu qu'elle est vieille et ridée!… la main de l'homme s'est à présent posée sur l'épaule de la femme... elle se presse contre lui… joue contre joue… c’est étrange… mais cette femme me ressemble.
– vois-tu le visage de l'homme qui l'aime ainsi tendrement?
– Oui… Il est plus jeune que toi d'au moins vingt années… Il te ressemble… attends… mais c'est… toi!
– Alors qu'en dis-tu?
– J'en dis que peut-être, ton cœur qui se voit est resté adolescent. Mais pourquoi le mien m’apparaît-il si ridé?
– «Il ne tient qu'à vous, madame…»
– Ha! C'est encore cette voix qui m'assaille!
– Maman, ne crois-tu pas qu'il est temps pour toi d'avouer à papa que tu l'aimes encore?
– Hé oui mon fils, je l'aime! Et je sais que de son côté il partage ce même sentiment, mais l'amour vaut-il la peine qu'on lui sacrifie tout?
– Oui maman!
¤
⨯
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 34 autres membres