le-pelleteur-de-nuages.blog4ever.com

le-pelleteur-de-nuages

Comment écrire une poésie?

   Écrire une poésie, qu'elle soit rimée ou non, en strophes, ou en usant de façon plus prosaïque par de simples retours à la ligne, ça consiste tout de même à donner ou révéler un peu de soi à chaque fois…

 

   Lorsqu'elle est vue sous un certain angle qui consiste à laisser notre émotion s'exprimer en mode direct, on peut en dire qu'elle est du genre libre par excellence. Ainsi, en partant des trois vers que comporte le haïku japonais pour arriver aux douzains (strophes de douze vers) la versification d'aujourd'hui peut n'être bridée par aucune règle stylistique particulière. Il est donc devenu normal de voir à présent s'afficher dans nos blogs, de nombreuses constructions différentes.

 

   Il reste qu'à la différence d’un texte répondant à la dénomination de roman ou de nouvelle, lesquels s’articulant généralement par des paragraphes écrits en lignes droites réputées consécutives à un "avant" et préparant le lecteur à un "après" qui lui est cohérent: la versification est néanmoins composée à partir de deux axes, le vers et la strophe. Le vers, par sa nature poétique, est l’unité de base d’un poème. Pas nécessairement rimé ni régulier, il se doit cependant de donner du rythme à la strophe. En revanche lorsque qu'ils sont sensés suivre une métrique "moderne" choisie par l'auteur, celle-ci se mesura en nombre de syllabes ou phonèmes. Sans pour autant pouvoir se qualifier du célèbre 12 syllabes immortalisé sous le nom d’alexandrin qui reste régi par des règles complexes: rimes et césures comprises! Ceci n'empêchant pas qu'en poésie moderne, les vers réguliers demandent un minimum d'attention dans le comptage des pieds (syllabes), et de respecter quelques règles de prononciation.

 

Si le vers est l’axe horizontal du poème, la strophe en est l’axe vertical. Elle détermine la longueur du de chaque groupe de vers réunis ensemble. Celle-ci pouvant ne contenir qu'un d’un seul vers (ou monostiche) ou bien jusque six, huit, dix, et même douze (on parle alors de douzain). La taille de la strophe se choisit principalement selon que le poème forme un groupe homogène de strophes de vers réguliers se correspondant entre eux (même nombre de pieds-même image) ou si le choix d’alterner des longueurs de strophe différentes est assumé par d'autres règles de cohésion. L’exemple le plus évocateur étant le sonnet qui additionne deux quatrains réguliers (strophes de quatre vers) et deux tercets réguliers (trois vers). La strophe indique la progression du sujet, mais aussi les vers riment ensemble. On se rappelle les formes en AA-BB (simples), ABAB (croisées), ABBA (embrassées). D’autres effets comme l’enjambement ou le rejet jouent de façon à ce qu’un mot en pleine phrase, et non en fin de phrase, fasse office de rime interne qui suppléera celle externe.

 

Même si l'on fait le choix délibéré d'écrire son texte en vers libérés…quelques règles restent utiles à connaître pour le cas où l'on se prendrait à vouloir tâter du vers régulier:
Notamment il convient de savoir quels sont les «h» véritablement muets. Quelles liaisons doit-on faire ou abstraire. Quand peut-on ne pas prononcer le «e» (apocope)… Certains détails sont encore plus subtil: tel la diérèse (cieux, se prononçant «ci-eux» compte alors pour deux pieds). Certes, vous admettrez comme moi que cette façon de composer qu'il me plait souvent de taquiner est propre à la versification classique de la Renaissance et répond mieux au symbolisme des romantiques. Pourtant, si le poète peut tout à fait s’affranchir du calcul de pieds, il est important de s’y familiariser au moins pour savoir bien lire les poèmes des anciens. De la même manière qu’un écrivain chevronné a nécessairement beaucoup lu et vécu, un jeune poète se doit de lire de nombreux recueils de tout style afin de choisir le ou les siens. Globalement, je dirai qu'en l'absence de tout bagage, il est plus avisé de faire des vers libres, voire d'écrire de très courtes nouvelles en prose poètico-romantique, du moins au départ, plutôt que des vers qui seraient bancals en nombre de pieds et munis de rimes archi pauvres. Car dans ce cas: le rythme ne sera pas facile à trouver et le lecteur s'y perdra. C'est donc que si la poésie se conjugue également sous une forme qui peut s'identifier à la prose, c'est qu'elle revêtira la forme la plus libre qu’il soit: elle sera dépourvue de rimes et ne comptera ni pieds ni n’accordera d’importance à la longueur et au nombre de strophes. Cette forme peut sembler difficile à différencier d’un texte en prose traditionnelle. Sinon que les images s'obtiendront verticalement en mot par mots entre lesquels on intercale ou non des groupes de deux, trois, voire quatre mots ne présentant pas la moindre ponctuation. On fera principalement la différence en comparant l’effet ressenti par la poésie, telle que la description d’un tableau vivant, d'un paysage mouvant, ou d'une émotion qui arrive crescendo, puis s'arrête et reprend à un instant précis, pour déclencher au mieux la notion abrégée qui se perçoit d'un récit dans la durée… comme c’est le cas pour un roman et encore plus pour une nouvelle.

 

RHD



26/06/2016
11 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Ces blogs de Littérature & Poésie pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 34 autres membres