Le Gisant et L'Amante
Je n’ai rien fait pour qu’elle me quitte
Le reflux l’emporta dans son rite
Lors je reste là, le ventre sec
Le nez enfoncé dans son varech.
Sur le quai gisent entremêlés
De fins tramails, et près des casiers:
Je vois plonger des becs en piqué
Rapinant quelques restes iodés.
Tel un gisant mon corps se repose
Englué dans la vase morose;
J'y suis sans plus la moindre caresse
Aucun gai clapotis ne me berce.
Sur la rive opposée un chenal
Déverse son eau douce en cavale,
Qui fuit dans la boue silicatée
Entraînant des remous colorés.
Pour seule effleure une blanche rieuse
Défie de mon mât l'âme trop creuse.
Couché dessous le ciel d’améthyste
J’attends l'eau d'une vague batiste.
Des lichens émaillent du granit
Que de rares giroflées habitent.
Au pied de maisons agglutinées
Se dessine un grand mur obstiné.
Mais l’air apporte d’autres senteurs
Le flux me rappelle à son ardeur
Bientôt mousse l’écume salée
Qui précède à ma bien-aimée.
Le rituel ranime le quai
Un pêcheur s’apprête à embarquer:
lors je la sens tout contre mon bois
Enivrante elle exulte ma joie!
Voici mon maître qui me délivre.
Son fils est dans ma voile: il m’enivre;
Comme en chaloupée mouillée de sel,
Mon amante m’emporte sur elle
RHD
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