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Salut l'Artiste!.

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Sans la moindre pensée hystériforme, il n'y aurait pas de rêve! Mais sans le rêve expliqué, il serait facile de sombrer dans l'inquiétude pathologique. Cependant, le poète aimait à se défier lui-même, alors il se dit que peut-être, la main qui tout-à-l'heure frôla sa face, pouvait être celle d'un elfe de la forêt, ou même d'un ange Fée...

 

Ô volupté chérie! Tu mens à mon songe pour qu'il déshabille ton corps: alors le mien quitte son lit et la chambre pour aller là où tu l'appelle... Et nous voici toi et moi dans un jardin extraordinaire: Artémise qui me trouve m'y voit endormi sur la mousse, tel un Faune étendu l'après-midi sous un arbre rose. Alors la belle à évincé Cupidon:

– D'où viens-tu me demanda soudain la muse, et pourquoi portes-tu à tes pieds les sabots d'une chèvre?
– C'est que ma Dame, je fais comme vous partie intégrante d'un même rêve...
– Pourtant, mon corps à moi est le même qu'en vrai lorsque je suis éveillée!
Les dieux que vous côtoyez, sont-ils faits comme vous?
– Comme toute muse, j'amuse ceux qui m'ont faite à leur image…
– Alors, moi qui devrait l'être, pourquoi suis-je conçu si laid? Serait-ce que mon jeu vous déplait?
– L'amour est au joueur aveugle ce qu'est celle qui l'aime vraiment…
– Se peut-il que velu et cornu, vous me trouveriez si adorable?
– Certes, car même petit, vous êtes de ces dieux amusants et protecteurs, dont la bienveillance rend acte de ce qui manque à qui se sait pareil à l'apollon imbu de lui-même...

 

 Qu'il soit versificateur ou prosateur, le félibre fait choix libre d'un jeu qui pare parfois son âme d'un sourire de jeune fille à l'air enjoué; et quand il décrit cette beauté couronnée de lierre, il la chausse de brodequins pareils à ceux que portaient les personnages des comédies antiques. Alors, démasquée entre certitude et crédulité, la verve bienvenue de Thalie se claironne par ce porte-voix qui la soutient. L'onirisme devient lyrique est Homérique lorsque l'héroïque symphonie accompagne le chant de la tragédienne; et c'est la voix du poète qui porte loin la sienne...

 

Être ou ne pas être? La vie est une comédie qui met dans notre main le poignard qu'ensanglante notre propre cœur. Elle nous fait terreur et pitié quand les mots tissent des linceuls pour habiller les mortes années couronnées d'insuccès.

 

Mais le rêve montre des raisons que la raison rend béantes à qui sait s'accepter en toute aberration, même s'il suffit d'un rien pour briser la métaphore: que le poète ouvre les yeux juste à temps pour voir décamper une biche. Alors, relevant son buste, il s'assoira peut-être sur son doux lit de mousse. Puis il étirera ses membres et d'une main encore endormie il se saisira sa besace tandis que de l'autre il entreprendra de l'ouvrir, afin de pouvoir se restaurer et se désaltérer.

 

Le nectar que boit le dieu Bacchus est de ces réalités qui font saigner la vigne en ses grains vendangés… alors comme pour revivre autant par l'entité que prolonger le songe d'été, voici qu'à présent le poète se verserait un plein verre de vin qu'il boirait en songeant à un certain Graal mythique, et c'est alors que la chaleur veloutée lui ferait présage mieux encore que mirage inventé…

 

À présent le poète réinvente la métaphore. Il ferme les yeux. Son esprit fait le vide. Il marche à reculons dans un passé enfoui qu'il refuse enfui. Et comme le fils de Dédale lorsqu'il s'échappa de Cnossos en fuyant Minos par les airs, le magicien des mots quitte la terre: son âme enivrée du nectar des dieux lui fait un songe si délirant que dans sa pensée visionnaire, se peint un tableau triomphant où des muses subliment l'amour et son miel. Et le voici filant très haut dans le septième ciel. Son corps n'est plus velu mais vêtu de volupté. Il ne porte plus de sabots. Ses pieds nus marchent sur des nues tandis que son regard bleu se grise à la vue d'une arche aux couleurs irisées qui lui parle d'anges d'éternité.

 

Le poète se sent gagné par l'ivresse: il boit la lumière céleste! Il va voguant sur un bateau nuage qui l'emporte vers les Grâces. Le voici aux portes de l'Olympe où l'appellent les filles de Jupiter et de Mnémosyne. Mais si la jeunesse de ces muses est immuable il en est tout autrement de la sienne: alors sa pensée versifie comme ces beaux troubadours qu'enchantent les belles réjouissantes, mais sans pouvoir jamais être invités aux festins des dieux.

 

Trompettes de la pensée ignorée: vous êtes mal embouchées et vous le savez!

 

Alors le poète plaqua ses mains sur mes oreilles agressées: juste après m'avoir soufflé que de son vivant l'artiste n'a que rarement de valeur ajoutée... Sinon que Clio, croulante sous les pesants lauriers de l'histoire des despotes, jetterait bien livre et instrument pour que le temps des poètes voit enfin les humains s'embrasser en tous les lieux où des doigts se plaisent à pincer des cordes tendues sur des morceaux de bois. Et puis espérons que l'espace d'un temps hors de lui fera lire la joueuse de lyre, tandis qu'Euterpe, couronnée de fleurs des champs, enfouira l'ire du monde sous des piles de partitions, en attendant que les chants nouveaux du passé descendent de Cassiopée, et que par-delà de hauts bois: le son d'un hautbois s'exprimera comme s'entend le charme des lettres cultivées qui s'effeuillent en feuillée… sous les doigts graciles des belles lettrées, assises à l'ombre des charmes. Fiers enracinés, qui dans de verts jardins printaniers, s'enivreront des senteurs blanches du jasmin mouillé de rosée.

 

RHD

 



28/05/2016
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